Climat: Pas de traité avant 2010?

Publié le par REM

L'objectif de parvenir en décembre à un nouveau traité international sur le climat s'éloigne chaque jour un peu plus. Les ultimes négociations avant la conférence de Copenhague, organisées cette semaine à Barcelone, n'ont rien donné. Le futur traité pourrait ne pas voir le jour avant un an.

Chronique annoncée de la mort de Copenhague. A un mois de l'ouverture de la conférence internationale sur le climat, le 7 décembre prochain dans la capitale danoise, les négociations sont au point mort. Réunis à Barcelone cette semaine, les dirigeants politiques et autres représentants des Nations unies ont tenté de surmonter leurs divergences. En vain. Le projet initial - à savoir trouver une suite à Copenhague au protocole de Kyoto, qui expire en 2012 - s'annonce compromis.
Les discussions, encore cette semaine à Barcelone, achoppent notamment sur la fracture entre pays riches et pays pauvres. 
"C'est un travail inachevé, bien en-deçà de ce qui est nécessaire", a résumé Lumumba Stanislaus Di-Aping, président soudanais du Groupe des 77 auquel la Chine est associée et qui représente les pays en développement. Invités à promouvoir une économie "décarbonnée", afin de ne pas reproduire les erreurs des pays riches, les pays pauvres demandent des engagements économiques de l'Occident. S'ils en acceptent le principe, les pays riches sont divisés sur le montant à apporter par chaque contributeur.
A Barcelone, les pays en développement ont par ailleurs réclamé une baisse plus drastique des émissions de gaz à effet de serre, fixant la barre à 40% d'ici à 2020 par rapport aux niveaux de 1990, quant, au mieux, les pays développés parlent d'une réduction de 30%. Le seuil de 40% est jugé inatteignable car contre-productif par les Nations unies, mais pour les pays pauvres – dont une partie de l'économie repose sur l'exploitation de la terre - il représente le seul moyen de sauver leurs écosystèmes. Signe du blocage, les délégations africaines présentes à Barcelone ont boycotté les réunions.
Pas de traité, un accord politique fort
Les critiques sont vives aussi à l'égard des Etats-Unis, incapables de mettre sur la table une proposition formelle de réduction des émissions de gaz à effet de serre en raison des retards pris au Congrès. Et ce même si, jeudi, une commission du Sénat s'est prononcée en faveur du projet de loi déposé par les démocrates sur la lutte contre le réchauffement climatique. Reste qu'à Copenhague, les délégués américains ne seront pas en mesure de prendre des engagements chiffrés. Or, les Etats-Unis sont le deuxième pollueur mondial, après la Chine.
Dans ces conditions, plusieurs hauts responsables ont estimé qu'il n'y aurait pas de traité à l'issue de la semaine de négociations à Copenhague. "
Un nouveau traité international à part entière dans le cadre de la Convention [Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques, ndlr], je ne crois pas que cela va arriver"avait déjà déclaré fin octobre Yvo de Boer, en charge du dossier aux Nations unies. Plusieurs des délégués des 175 pays réunis dans la capitale catalane cette semaine sont arrivés à la même conclusion, allant jusqu'à évoquer une année supplémentaire de négociations.
Faute de traité juridiquement contraignant, les dirigeants politiques et les représentants de l'ONU espèrent désormais aboutir à un accord politique fort. "
Si tous les pays voient une chance unique, nous pouvons parvenir à un accord important, non pas un accord qui résolve tous les problèmes, mais qui constitue une avancée importante et crée les conditions de nouveaux progrès à l'avenir", a ainsi déclaré Barack Obama en début de semaine, reconnaissant qu'il n'y aurait sûrement pas de traité. Preuve en est, seuls quarante chefs d'Etat – sur les 192 Etats membres des Nations unies – ont confirmé leur présence à Copenhague. Selon plusieurs sources, Barack Obama, lui, pourrait ne pas s'y rendre, se contentant d'annoncer ses vues sur le sujet lors de la cérémonie de remise de son Nobel de la Paix, le 10 décembre, à Oslo. Pour le concret, il faudra sûrement attendre 2010 et la conférence des ministres de l'Environnement au Mexique.
(Marianne Enault)

Publié dans ENVIRONNEMENT

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